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Alcool, Cutter et Benzodiazépines

21 septembre 2014

Intro

Sachez, que, si vous avez un jour le joyeusomètre à zéro, mais qu'un malappris vient coincer son pied dans les portes de votre rame de RER pour l'au delà, vous finirez à l'asile. Centre d'accueil psychiatrique pour être exact, mais asile ou repaire de déments marchent tout aussi bien. Parmi d'autres déficelés du ciboulots, tels qu'alzheimers galopants, junkies, alcooliques, hyper-violents et autres cris et hurlement, vous serez dépouillé de vos effets personnels, vêtements y compris, ainsi que de toute intimité, et vous n'aurez plus qu'à fixer le plafond en tâchant de rassembler les lambeaux de votre dignité humaine. Traitement qui me semble thérapeutiquement aussi approprié qu'un triple pontage coronarien à la batte de baseball, mais je ne suis pas du bon côté du bureau pour en décider.

Bref, de quoi vous faire regretter le bon vieux temps de la lobotomie, ou on vous laissait baver en paix. Transférée pour bonne conduite dans un établissement plus chaleureux ; et droguée à mort quand même, je créedonc ce petit blog qui, mis à part les quelques lignes ci dessus, ne se transformera pas en journal intime, promis, juré.

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21 septembre 2014

De professio

Au cours de mes pérégrinations diverses, je dois vous avouer que j'ai rencontré un grand nombre de psychiatres, variant en âge, en genre, en poids et en taille, et je me sens désormais d'humeur à vous livrer une petite étude sociologique de cet éminent spécimen.

Le Psychiatre donc ne dispose pour effectuer votre rafistolage de jugeote que de deux armes majeures. L'Attention Solennelle et l'Ordonnance. Tout le reste, calepins, divans, pendules, contentions, diplômes etc, n'est qu'accessoire. On peut trouver le psychiatre en hôpital, en cabinet, en clinique ou en maillot de bain si il est à la plage. Cela dit, si vous trouvez votre psychiatre en maillot de bain à l'hôpital, vous pouvez commencer à vous en vouloir.

Comme je disais précédemment, l'arme numéro 1 de l'arsenal de la psychiatrie moderne est l'Attention Solennelle. Expression faciale unique et inimitable qui semble hurler «je vous écoute avec gravité». Ca y est, ON VOUS ECOUTE. Regardez bien votre Psychiatre et tant d'Attention si Solennelle dirigée sur vous devrait grandement vous soulager. Peu importe le degré d'horreur de ce que vous racontez, ce faciès commun au corps de métier ne peut varier d'un iota. Que vous déploriez la mort de votre chat, les accès de violence conjugale au sein du foyer familial, la mort de votre mère lors d'un accès de violence conjugale au sein du foyer familial, ou la mort de votre chat écrasé par le cadavre de votre mère lors d'un accès de violence conjugale au sein du foyer familial, la même Attention Solennelle restera peinte sur le visage du Psychiatre.

Cela dit, il sera injuste de dire que le visage du Psychiatre est éternellement figé dans cette posture d'Attention Solennelle. Il peut passer de la bouderie au rire franc, surtout si vous lui racontez la blague de l'ampoule*.

Cela dit, ne faites pas preuve de trop de jovialité face à votre Psychiatre. Vous montrer d'humeur folâtre peut nuire à son second pouvoir absolu, l'Ordonnance. D'un seul trait – et ceci n'est pas une figure de style, le Psychiatre étant médecin**- il peut vous prescrire tout un tas de joyeusetés qui vous feront planer, dormir, voir des rats bleus en tricots rayés ou baver benoîtement. Antidépresseurs, anxiolytiques, neuroleptiques, régulateurs de l'humeur, hypnotiques, somnifères, inducteurs de sommeil, tout est bon dans l'Ordonnance. C'est aussi le pied de nez du Psychiatre aux psychologues, psychothérapeutes et autres psychanalystes, qui portent certes des noms plus ronflants, mais n'ont pas le pouvoir de vous droguer.

 

* Combien de Psychiatres faut-il pour changer une ampoule ? Un seul, mais ça prend beaucoup de temps, et l'ampoule doit avoir une profonde envie de changer.

** Tout médecin est capable de manuscrire, sous la dictée, l'intégrale de La légende des Siècles, sans jamais lever une fois le stylo de son support.

21 septembre 2014

Ars athletica

L'autre jour on m'a dit :  « tu devrais faire du sport, c'est bon pour le moral » (et pour tes cuisses flasques et pendouillantes, s'pèce de gros boudin cellulitoïde, mais ça c'est moi qui l'ai rajouté dans ma tête, le moi dans ma tête ne perdant jamais une occasion de me servir une amabilité).

Bon. Donc faire du sport. Sachant que le sport, ça recouvre beaucoup de choses (DoTa 2 est un sport, le saviez-vous?) j'ai commencé par demander à un vieil ami :

 

sport

Et doctissimo en premier résultat, ça envoie du rêve. Après, je me suis rappelée que demander son avis à l'Internet pour chacun de mes choix dans la vie n'allait pas « me faire grandir en tant que personne » et j'ai décidé de me servir de ma propre intelligence.

 

nyancat

J'ai donc évalué mes ressources : deux jambes en état de fonctionnement disons normal, des abdos probablement existants sous le gonflement stomacal obtenu par bière + auto-régurgitation, un torse muni de deux bras inutilisables, un compte en banque aussi vide que ma bouteille de rhum un vendredi soir à 21h, pas de partenaire humain disponible, 10h de taff quotidien, un chien, une paire de baskets noires et roses, une violente allergie aux groupes de plus de un, les 12 414km2 du Nord-Pas-de-Calais.

J'ai donc abandonné les idées de cours de danse, cours de danse en couple, fitness en salle, fitness en plein air, fitness dans la boue, badminton, sport de combat, yoga, basket-ball, DoTa 2, squash, ski de fond, natation synchronisée, tir à l'arc et autres chars à voile pour me consacrer au dogging.

 

Et pour une fois, j'aurais du demander à internet avant. Parce que dans ma tête, le dogging c'est faire du jogging avec un chien. Ben ouais, j'ai des baskets et un chien. Mais pas pour google. Mais je m'en tape, c'est pas internet qui va décider de ma vie (cf quelques lignes plus haut), je fais des néologismes en franglais si ça me chante, non mais.

 

Me voilà donc partie pour de la course à pied avec mon quadrupède préféré. Abyssale plongée dans mes zorribles zannées de collège/lycée lors desquelles un professeur de sport sadique (comprendre : à vocation de sportif de haut niveau ratée) me faisait faire des tours de cour de récréation à petites foulées. Je me souviens m'être plus d'une fois juré, à cette époque et entre deux crachats de poumons, de ne plus jamais courir de ma vie, que ce soit derrière un bus ou devant un serial killer enragé. Je m'y étais tenue jusqu'à présent.

 

Après, mes choix de vie ne m'ayant pas vraiment réussi et vu qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis (moi-dans-ma-tête, ta gueule, merci, bisous), j'ai enfilé mes baskets noires et roses (ce détail n'a aucune importance à part souligner le ridicule de la situation), ai attaché le Mappy à ma ceinture et me suis envolée dans la fraîcheur des six heures du matin. Mon canidé joli partit à fond de train. Je le suivis de près, attachée que j'y étais. Il s'arrêta brusquement pour renifler un poteau, moi en plein élan et toujours attachée manquais trébucher, me rattrapais de justesse, et re-manquais de m'étaler sitôt le canidé joli reparti comme une flèche. C'est ce que les professionnels appellent du jogging fractionné. C'est très bon pour le cœur.

 

Quelques minutes me suffirent pour m'adapter au rythme du toutou (je cours à fond de balle – je fais pipi sur un brin d'herbe – je cours à fond de balle – je refais pipi etc...), et une fois adaptée, je repris suffisamment conscience du monde extérieur pour m'aperçevoir que j'étais aux portes de la défunctation. Ce qui restait de mes poumons après dix ans à trente clopes par jour luttait férocement pour s'extirper de ma cage thoracique, mon pauvre palpitant déshabitué des rushs d'adrénaline supérieurs à ceux provoqués par la victoire d'un mode de sudoku « démoniaque » semblait suivre le même chemin, chacun des muscles de mes jambes s'entortillait autour de lui même, et un peu partout dans le reste du corps, le point de côté enfonçait sa lame vrillante et démoniaque. Sans compter que je transpirais assez pour rétablir l'équilibre écologique du Kenya.

 

Si j'avais eu encore assez de globules rouges pour faire fonctionner mon cerveau et tout ce qu'il trimballe, à ce moment, j'aurais sans doute pensé à un truc du genre : « Gné bordel mais pourquoi je fais ça arf nom de dieu j'en ai marre je veux mourir ». Ce que je pense 90% du temps, mais le sujet n'est pas là. D'où l'avantage de faire du sport : tellement de souffrances que je n'arrive plus à penser. Ca marche aussi avec l'alcool et les coups de cutter mais faire du sport, au moins, ça ne se voit pas physiquement.

 

Parce que, du coup, j'ai continué. Toujours harnachée à mon chien qui, lui, gambadait avec joie entre chaque poteau / arbre / brin d'herbe, j'ai bien fait tressauter mon gras pendant une bonne demi heure avant de revenir, Dieu sait comment, à mon petit chez moi. Enfin fini, que j'ai pensé, après avoir lu sur intenet quelque part que trente minutes d'exercice par jour pouvait suffire à améliorer l'apparence physique et l'équilibre psychique.

Oui mais non. Parce qu'en basculant le lendemain matin de mon lit, prête à réitérer l'expérience, je me suis remémorée l'une des grandes leçons de vie : « Quoi que tu fasses et même si c'est taffreux, ça sera pire le lendemain. » Ca vaut pour l'alcool, les relations intimes, les textos, les textos alcoolisés envoyés aux anciennes relations intimes, le maquillage charbonneux, les scarifications, les pizzas domino's, les week end en général, les interactions sur les réseaux sociaux et donc, le sport.

 

Après tant de temps à me complaire dans l'immobilisme le plus total (aussi bien physique que mental), il fallait bien que je sois punie d'avoir osé briser ce statu quo établi entre moi et le mouvement. Et ce matin là, la punition s'appelait la courbature. Imaginez pour rigoler qu'on vous ait pendant la nuit retiré un par un les onze muscles de la jambe (tibial antérieur, long extenseur de l'hallux, troisième fibulaire, triceps sural, plantaire, poplité, tibial postérieur, long fléchisseur des orteils, long fléchisseur du gros orteil, long fibulaire, court fibulaire), qu'on s'en soit servi comme serpentins pour l'enterrement de vie de garçon d'Hannibal Lecter, puisqu'on vous les ait re-greffé au petit bonheur la chance juste avant que vous tâchiez de vous en servir pour, je ne sais pas moi, disons vous tenir debout. Voilà, je pense que vous avez un bon aperçu de l'horreur de la situation. A tout prendre, je préfère la gueule de bois et du sang partout sur la moquette, mais ça ne fait pas sortir mon chien ces bêtises là.

 

Mais comme pour une fois, on était d'accord avec mon chien sur ce qui me fait du mal et ce qui lui fait du bien (il prend très peu de plaisir à mes soirées alcool + objets tranchants), j'ai continué. Nonobstant les glaviots pulmonaires, les explosions cardiaques, la sueur (pas besoin de périphrase pour cette abomination là) et les relents de soirée hannibal, j'ai continué. Comme ça, si je retrouve la personne qui m'a dit que c'était bon pour le moral, je pourrais lui courir après avant de... de... de faire une moue qui signifie que je ne suis pas tout à fait d'accord mais qu'il/elle me fait trop peur pour le/la contredire.

 

Ah, et souvenez-vous, la vie est belle.

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